Data di nascita

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Periodo di riferimento

18 febbraio 1884

Data della morte

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Cosa si sa

Un certo Francesco de Judicibus, canonico, scrive e pubblica una lettera alla redazione del giornale «Il Popolo Sovrano», nella quale difende la regina-reggente Cristina di Spagna dalle accuse e dalle critiche, da lui definite indegne, riportate in un articolo di detto quotidiano. La lettera è del 18 febbraio 1884 ed è stata scritta a Marsiglia.

La lettera

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Trascrizione

Questa è la trascrizione in francese moderno della lettera di Francesco de Judicibus. L'originale è praticamente identico salvo alcune parole che riportano la sola "s" finale invece di "ts" e hanno un'accentatura leggermente different.

Au rédacteur du "Peuple souverain"

Votre numéro du 14 du courant contient un article sur les affaires d'Espagne, et injurieux à la reine-régente. Il y est dit entre autres choses : «La reine perd chaque jour de sa popularité. Tout ce qu'il y avait en Espagne d'hommes de progrès s'était d'abord raillé à elle; mais on ne voit plus en elle qu'une femme de plaisirs, long-tems victime de la brutalité de son mari, et qui s'abandonne avec emportement à une liberté dont elle ne méritait pas de jouir. Elle a foulé aux pieds toutes les convenances. On la voit se présenter en public avec l'amant vulgaire qu'elle s'est choisi parmi ses gardes-du-corps. C'est un mépris de l'opinion dont il n'y avait pas d'exemple depuis les fameux déportements de la reine Marie-Louise, et le désastreux règne du favori-ministre prince de la Paix. Voilà sous quels auspices s'annonce une minorité de quinze ans, qui ne se terminerait que par le règne d'une jeune femme. Cette perspective est si effrayante, que la reine-régente court grand risque, les cortès une fois réunies, d'aller rejoindre son auguste sœur, la comtesse de Lucchesi-Palli. Le favori est un assez beau garçon à moustaches noires, et d'environ trente ans; mais sans autre recommandassions que ses apparences physiques, et la complaisance avec laquelle il se laisse parer de diamants par le goût faux et commun de sa royale maitresse. Nos hommes monarchiques devraient venir à Madrid compléter leurs études sur l'excellence de leur principe de gouvernement: ils auraient peut-être occasion de voir comment le peuple châtie l'étourderie des reines-régentes, et respecte la bavette des reines mineures.»

J'ai quitté la cour d'Espagne depuis peu, et je n'ignore rien, Monsieur, de ce qui s'y fait et s'y discute, en matière de politique, de religion et de morale. Mieux informé que vos correspondants et vos souffleurs, j'écouterai avant tout, la voix de ma conscience, qui impose le devoir de rétablir des faits qui sont empreints du sceau de la plus révoltante exagération. — J'entre en matière.

Depuis la mort du roi Ferdinand, la reine Christine a toujours manifesté les intentions les plus pacifiques et les sentiments les plus purs. Le bonheur du peuple espagnol, a fait et fera toujours l'objet constant de ses efforts et de ses vœux. Mais ce n'est pas une petite affaire, Monsieur, (et vous le comprendrez aisément) que celle de concilier une nation divisée par tant de partis divers, presque tous enclins à l'insurrection et au changement, et où le sacerdoce a toujours dominé en maître! Pour avoir détruit des abus monstrueux, la reine s'est mise en guerre ouverte avec le clergé. Le passé parle assez de la nature de ces abus, sans que j'essaie ici d'en faire une longue analyse; car, vous le savez comme moi , il ne peut exister ni gloire , ni grandeur morale, ni force physique, là où l'inquisition étouffe l'esprit des lois, abrutit les hommes, brise tous les liens de la société, et fait succéder à la religion et aux mœurs, la licence, la délation monstrueuse, le libertinage, le despotisme et l'impudicité! ...

Le clergé espagnol, Monsieur, a refusé d'embrasser la cause de la reine, parce que celle-ci, connaissant à fond sa morale, l'a frappé an cœur, en paralysant les moyens vexatoires et scandaleux dont il s'est toujours servi pour tenir les populations sous le joug le plus abject et le plus avilissant. Eh! que penserez-vous d'un prêtre qui a osé dire sa souveraine : «Madame, le peuple n'obéit qu'à ma voix un seul mot me suffirait pour renverser votre trône.» Ces paroles de sang ont été écoutées, par la reine Christine, avec une douceur angélique, et le curé Marino, qui eut l'audace de les prononcer, retourna dans sa paroisse comblé de ses bontés et, revêtu du grade de brigadier. Peu de terris après, oubliant ce qu'il devait à la veuve de son roi, ce prêtre prit les armes contre elle, se mit à la tête d'une populace nombreuse; mais il fut aussitôt dispersé par les troupes royales. Aujourd'hui, il est fugitif en Portugal , où il berce d'un grand avenir, le trop crédule et trop faible D. Carlos.

Mais désormais, Monsieur, la cause sacrée de l'humanité triomphera en Espagne; le citoyen paisible cessera de palpiter pour une épouse vertueuse, ou pour l'innocence d'une fille chérie; à l'abri des séductions sacerdotales, il appréciera sa dignité d'homme, sans-craindre d'être brutalement relégué dans les cachots de l'inquisition; il comprendra ce qu'est un vrai citoyen, pour lequel la défense de la patrie et du trône sont un devoir saint et national.

Quant aux mœurs de la reine, que vous attaquez d'une manière aussi indigne, vous prouvez, Monsieur, par la légèreté de votre assertion, combien peu vous la connaissez; et j'insulterais aux rares vertus qui la distinguent, si je cherchais à démontrer ici le contraire.

La conduite et les actions de cette souveraine adorable, appartiennent à elle seule; en vain la calomnie sortira de plumes partiales ou, achetées ... jamais elle ne saurait l'atteindre! La critique est aisée; (disait un auteur français) mais avant de juger les autres avec tant d'audace, nous sommes-nous examinés nous-mêmesœ Si la réflexion et la prudence présidaient aux mouvements de notre plume, de notre cœur, combien le monde serait plus porté à croire le bien que le mal! Les choses seraient alors pesées dans la balance de la justice, et l'équité triompherait de tout ce qui est ignoble et calomnieux.

Il est faux, Monsieur, que la reine perde chaque jour de sa popularité. Loin de là, le peuple manifeste, au contraire, le plus vif enthousiasme, chaque fois qu'elle se montre en public. - Écoutez:

Dans les circonstances malheureuses qui ont affligé l'Espagne, la reine est venue plus d'une fois au secours de la population, et ses bienfaits ont été dispensés aux infortunés de tous les partis (sans en excepter les réfugiés de toutes les nations qui refluent à Madrid) avec une générosité sans exemple.

Grande et sublime dans tous les actes de son gouvernement, la reine Christine a encouragé, avec une sagesse admirable, toutes les branches de l'administration. Elle a passé plusieurs revues de ses troupes, réorganisées nouvellement, et a accordé de nobles récompenses à tous les braves qui se sont signalés en faveur de leur patrie, et du trône légitime de sa fille.

Affable avec l'officier et le soldat, l'armée entière lui est intimement dévouée, et elle périra plutôt les armes à la main, que de reconnaitre une autorité qui ne serait pas la sienne.

Ce qui distingue encore la reine Christine, c'est la bienveillance extrême avec laquelle elle reçoit tout ceux qui témoignent le désir de lui parler; et ses ministres ne font jamais rien sans avoir préalablement obtenu son royal assentiment.

D'après les mesures qui viennent d'être adoptées, l'armée sera mise sur un pied de guerre imposant, qui ne laissera plus rien à désirer, et les carlistes seront anéantis en totalité, s'ils ne se persuadent sagement de rentrer au plus vite dans l'ordre.

Des renforts iront augmenter l'armée du général Rodil, qui n'aura pas grand peine à disperser les partisans de D. Carlos, s'ils s'avisaient de faire des tentatives sérieuses dans l'étendue de son commandement.

Il est faux que le trésor public soit au dépourvu. J'ose affirmer qu'il est à ma connaissance particulière, que plusieurs grands d'Espagne ont offert à la reine jusqu'à cent millions, pour parer aux dépenses de toute nature que la réorganisation générale des diverses administrations et de l'armée a nécessitées. D'ailleurs, en serait - il ainsi, la reine Christine a des fonds suffisants sur des banques étrangères, (dont elle peut disposer) sans avoir besoin de s'assujettir à qui que ce soit.

Pour ce qui regarde la réunion des cortès, que vous considérez, Monsieur, comme une perspective effrayante à la cause de la reine, je vous dirai, moi, que vous voyez la chose dans un sens tout-à-fait opposé à la raison, à la politique, aux intérêts individuels et aux lumières des législateurs espagnols.

Cette réunion (et l'avenir prouvera si j'ai raison ou tort) aura pour base fondamentale l'affermissement du trône d'Isabelle II, sans lequel, les institutions qui doivent rendre la nation libre, forte et heureuse seraient une ruine, et amèneraient progressivement une guerre civile dont on ne pourrait pas prévoir le terme.

Convaincues de cette haute vérité, les cortès ne verront que la patrie menacée par l'insurrection, et viseront aux moyens décisifs de la comprimer sur tous les points où elle a éclaté, pour faciliter le commerce et les relations intérieures et extérieures, sans lesquelles il ne peut exister ni confiance, ni harmonie chez un peuple. En opposant ainsi le remède au mal, le calme succèdera à l'orage, les passions finiront par s'éteindre sous les progrès de la civilisation et du retour à un seul principe, et tout rentrera dans l'ordre primitif.

Quant aux prévisions révolutionnaires que vous supposez au parti apostolique, je suis d'opinion que ce parti succombera moralement sous les efforts persévérants d'un gouvernement intéressé à le faire régner sur le spirituel seulement, et j'ai aussi la ferme conviction, que, s'il persiste à vouloir s'écarter des devoirs qui lui sont tracés par l'Évangile, il ne tardera pas à s'en repentir.

Je termine: une vérité constante qui ne peut être révoquée en doute par qui que ce soit, c'est qu'il n'est jamais entré dans l'esprit de D. Carlos de succéder au roi Ferdinand, son frère, d'une manière immédiate; et quand bien même son élévation au trône eût été facilitée, avec succès, par les intrigues et les sourdes menées du clergé, ce prince n'aurait pas échappé à la fureur populaire des habitants de Madrid, tant il est haï et détesté d'eux.

En général, on attribue à ce prétendant de la couronne , un caractère semblable à celui de Philippe II, et cette assertion suffit seule pour donner une idée de sa personne et de sa politique, si la fortune eût couronné ses efforts et ceux de ses partisans pour arriver au but qu'ils se sont proposé. C'est tout.

Je désire, Monsieur, que ces observations auxquelles votre incohérent article a donné lieu, puissent vous rendre, à l'avenir, plus vrai et plus circonspect, envers une auguste personne, si peu connue et si étrangement outragée dans votre journal; mais toujours digne, quoique vous puissiez débiter contre elle, de l'estime de l'Europe, de l'affection des bons Espagnols et des applaudissements de la postérité.

J'ai, Monsieur, l'honneur de vous saluer. Le Ch. F. de Judicibus.

Marseille, 18 février 1884.

Au rédacteur du «Peuple souverain»
MARSEILLE. - IMPRIMERIE D'ACHARD, MARCHÈ DES CAPUCINS, N° 4.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France